dimanche 24 mai 2009

C'est régu le cappuccino par intraveineuse?


C'est la question que je me posais quand le réveil a sonné à 4h14 du matin. Mais qui? Ô grands Dieux qui? peut demander à une personne sensée de se lever à pareille heure? Les marathoniens sont civilisés eux! La veille il y a l'inscription, ensuite on prend un pot ensemble, on mange des spaghettis et le lendemain on commence à courir vers les 9 heures trente. Ça c'est la belle vie!
Les triathlètes, c'est une autre race de monde. Une race qui se lève trop tôt, qui s'inscrit trop tôt. Une nouvelle famille à laquelle j'allais me joindre dans les prochaines heures mais à quatre heures du matin, je me demandais si c'était une bonne idée.
Tenez, prenez l'équipement: je suis arrivée dans la zone de transition pour y faire mon petit nid et installer tout ce dont j'aurais besoin pour les trois disciplines quand vient se stationner à côté de moi un type avec un vélo de 6000$, un Cervélo dont la splendeur mécanique aurait mis à genoux n'importe quel athlète raisonnable. Et à côté du Cervélo, il y avait mon vélo... un Tour du Québec avec ses poignées tronquées et ses freins dépareillés. Alors, tout de go, c'était l'orphelinat. "Mais qu'est-ce que je fous ici moi? À quoi je pensais de venir m'inscrire à cet événement fait pour les VRAIS athlètes?" Mais comme dit toujours mon copin adoré: "There is a God" et là, arrive un type avec un tank d'au moins cent livres et ses pneus de 3 pouces de large. Cinq minutes plus tard débarquent deux types qui ne savaient même pas comment mettre un Wetsuit. Je deviens l'héroine du jour, la personne ressource, l'habilleuse. There is a God indeed.

Quoi dire sur l'événement d'autre que tout a bien été. Tout était parfait. Pas un pépin nulle part. Un temps clément, pas trop de vent, une préparation adéquate, du soutien des autres athlètes. Je suis arrivée au fil d'arrivée avec le meilleur sprint de ma "carrière"et le sourire fendu jusqu'au oreilles. La seule chose qui m'a fatiguée était l'écho des encouragements des bénévoles qui me répétaient constamment, "Let's go, on lâche pas, vous êtes capable!". C'est gentil de me vouvoyer mais est-ce que j'ai l'air de vouloir lâcher moi? J'avais le sourire d'une oreille à l'autre! Et lâcher? Tonnerre de Brest! Mais qui parle de vouloir abandonner? Et bien sûr que je suis capable! Par Toutatis! Je n'ai pas passé un an à m'entraîner pour rien! Enfin bref. Ce sont des choses qui arrivent. Il faudrait réviser les formules d'encouragement. Le hockey et le triathlon ce n'est pas la même chose. N'empêche que j'ai aprécié certaines majorettes, une en particulier dans la section vélo dont la sollicitude m'a fait du bien. C'était la section la plus stressante pour moi d'autant plus que je voyais la piste se dégarnir à chaque tour, témoin de ma lenteur. Durant mon dernier tour, le circuit Gilles Villeneuve a été réouvert au public. Il y a avait soudain moi, les familles et ... des tricycles... meeerde. Tassez-vous veaux, vaches et cochons! J'arrive à 23 kmh moi! Je me suis dit que c'était en était fini pour moi, que c'était la dernière place jusqu'à ce que je me rende compte en entrant dans la zone de course que non, les jeux n'étaient pas joués et que je pouvais ratrapper plusieurs athlètes.
Il y avait toujours cet infernal let's go! venant de partout, même des athlètes, moi je voulais simplement finir en beauté, aprécier les derniers moments de ce magnifique défi que j'avais relevé, d'autant plus que nous étions dans le parc Jean-Drapeau, qu'il faisait beau, que les oiseaux chantaient. J'ai terminé avec une autre athlète et sans nous connaître, toutes les deux haletant, pliées au-dessus de nos genoux, nous nous sommes serré la main. Nous étions tous et toutes un dans ce événement. Un dans l'effort, dans la peur, dans la victoire peu importe le rang, peu importe les fringues.

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