mardi 30 novembre 2010

La moumoune interieure


À chaque dimanche matin, c'est la congrégation des coureurs vers le Mont-Royal pour pratiquer la religion du bien-être. Dès 7 heures, tous les chemins mènent vers le sommet mais ce matin, ma moumoune intérieure était levée plus tôt que ma championne intérieure. Comme bien d'autres, il est souvent difficile d'évaluer quand il faut rester au lit, et quand il faut s'appuyer sur son double doctorat en stand-up comique (Harvard 2001, 2007) pour dérider la moumoune intérieure qui ne veut pas faire façe a 18 kilomètres, au froid, à 7 heures le dimanche.

Moi: Ça va être bien, il va faire bon, il y a de la neige!
Moumoune intérieure:il va frette et venter sur le sommet. Je vais geler et me faire chier pendant une heure avant de redescendre. Ca va être crouté et glissant.

Bon, pas une vente facile ce matin. Il faut essayer le soudoyage.

Moi: je vais mettre les mizunos à clous! (chaussures formidables avec des vis de sheet à metal en guise de crampons).
Moumoune: ? ...

J'ai capté son attention.

Moi: on va amener la caméra. On prendra des photos pour le blogue. Tu pourras arrêter quand tu voudras.
Moumoune: oui mais j'ai peur pour mon coeur.
Merde. Voilà. L'argument incontournable. Je fais un peu d'arrythmie et ça a ébranlé ma confiance. le cardiologue me dit de continuer la course mais ça n'empêche pas la peur de monter. En course, tout bon coach sait qu'il y a des jours ou il ne faut pas s'entraîner. C'est comme un retour après une blessure. Il faut s'écouter, mais pas trop d'autant plus que c'est le premier 18 kilometre que je vais courir depuis le mois d'avril dernier. Je me rends compte que c'est la distance qui effraie la pauvre bête.

Moi: on essaie pendant 10 minutes et ensuite on revient.
La moumoune n'est pas du tout convaincue.
Moi: je vais acheter des croissants! 2! On va y aller lentement. On a pas à faire toute la distance. On rebrousse chemin quand tu veux.
La moumoune commence à se ramollir dans le bon sens.

Revenir à l'entraînement après une difficulté physique est une tâche difficile. Je répète souvent que c'est se rendre au fil de départ qui est le plus dur et c'est dans des moments comme ceux que je vis présentement qu'on le voit le plus. La peur de se faire mal est une peur qu'il faut affronter avec de la sagesse et beaucoup d'informations. Dans mon cas, je mène un mode de vie supposément exemplaire: je suis végétarienne, je médite, j'enseigne le yoga, je pratique la masso. Mon cholestérol est bon, ma pression est basse. Je viens de m'ajouter un jour de congé par semaine. Bref je fais ma part. Ça n'empêche pas la peur de m'aider à prendre de bonnes décisions. Cette semaine, j'ai fait beaucoup plus de natation que de course. Je vais sauter un entraînement demain soir pour voir comment va le système électrique du coeur. Je suis les conseils de mes amis et de certains experts.

Pour ce qui est de la course dimanche, il m'a fallu une bonne heure avant que je puisse commencer à me détendre. J'étais toujours à l'affût de drôles de sensations dans ma poitrine et puis soudainement, le soleil a écarté les nuages, l'air était juste assez vif sans être mordant. J'ai remarqué la forêt autour de moi, je me suis sentie bien à nouveau. Je me suis souvenue pourquoi j'aime tellement courir en hiver et je me suis rendue au sommet. Je n'ai pas fait mes 18 kilomètres ce jour-là mais 16.6. C'était assez. Depuis quelques jours, les arrhythmies ont presque disparu. Je me sens plus forte que jamais.Les conseils qu'on m'a prodigué semblent déjà porter fruit. On m'a déjà dit qu'une lumière jaune n'est pas le signal d'arrêter, mais de ralentir...

2 commentaires:

  1. Difficile de savoir si c'est de la fatigue ou de la paresse. Je crois qu'il vaut mieux sortir quand même mais ne pas hésiter à rentrer si on voit, au bout de quelques minutes, que ça ne va pas, que l'énergie n'y est pas.

    Je dirais aussi que revenir à l'entrainement après de longues vacances c'est difficile. Je n'arrive pas à m'y remettre après 3 semaines sans courir. En 1 semaine, j'ai couru 2 fois 30 minutes à peine.

    Pourquoi devais-tu courir 16 km? Est-ce que ça fait partie de ton plan d'entraînement pour le marathon? C'est beaucoup en tout cas! Bravo!

    Pour ma part, le physio m'a dit que je devais faire les entraînements 2 fois plus lentement que ce qui est indiqué à cause de l'arthrite, donc on multiplie par 2 le temps de préparation à un demi-marathon par exemple.

    Peut-être devras-tu toi aussi adapter les plans d'entraînement à ta condition? Quelqu'un m'a déjà dit: il ne court pas de longues distances, mais il s'arrange pour pouvoir courir encore de longues années ...

    Parameswari

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  2. C'est un bon conseil. Pour ce qui est d la distance, je m'entraîne pour le marathon de Rome en Mars.

    Lâche pas la course! Je sais à quel point tu aimes ça. Moi j'essaie de me concentrer sur le plaisir que j'en tire. C'est ça qui me sort du lit... Ça et les amis. Ce soir je vais m'entraîner avec ma partenaire de course.

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