Le grand blanc

Courir en hiver au Québec est un pur plaisir et cela,même quand il fait très froid. La première arme dans l'arsenal de la coureuse d'hiver: l'ignorance.

Dimanche dernier je sors de chez moi. J'étais vaguement au courant du fait que c'était frais dehors alors j'ai mis mon kit de janvier:

Collants Sugoi à -5 degrés, pantalon imperméable par dessus.
Pour le haut, un chandail technique à manche longues.
Une veste Louis Garneau plus épaisse.
Un coupe vent ordinaire (Nike).

Pour l'eau, j'utilise un camelback et je cache le boyau dans ma manche pour que le tout reste au chaud. C'est comme carburer au thé pendant la course.

Alors les premiers signes qu'il faisait plus froid que je pensais se sont présentés dès le départ: il y avait beaucoup de vent et j'ai commencé à ressentir les signes d'engelures sur mon visage. Merde! Je ne me suis pas inquiétée parce que je savais que j'allais monter le Mont-Royal et que la circulation allait se faire. J'avais raison.

Rendu au mile 2, je veux me prendre un peu d'eau et je me rends compte que mon boyau est déjà gelé (?!) Là je sais qu'il fait définitivement plus froid que je pense. Je cache mon boyau contre ma veste et je constate qu'il y a des petits crystaux de glace partout à l'interieur de ma veste. Bon...

Je décide de réduire ma course à 5 miles parce que je n'aurai pas d'eau. Je regarde le soleil se lever sur la ville. Il y a un silence puissant partout.

Je vais travailler après m'être ébouillantée pendant un bon quinze minutes sous la douche. Pendant ce temps, le soleil a passé son zénith, je regrimpe le mont-Royal et croise d'autres coureurs qui comme moi ont le sourire plus grand que les mâchoires. Les chiens sont fous dans la neige autour de nous. L'air semble pur et le ciel est si clair que ça ne peut m'empêcher de ressentir une clarté égale dans mon esprit. C'est ça la course en hiver.