Mais pourquoi t’es lente comme ça?

Soupir. C’est à peu près ce qu’on me demande quand j’ai le courage d’avouer mes temps de course. Une femme de mon âge devrait en théorie terminer un 10km en 56 minutes. Moi je les finis en 1h07 dans le meilleur des scénarios. La dernière fois que ça m’est pratiquement arrivé de recevoir cette réponse, c’était avec Jean-Yves Cloutier, fondateur du Club d'athlétisme Les Vainqueurs et entraîneur pour le marathon de Montréal. Vous pouvez trouver ses entrainements en ligne. Il m’a regardé avec curiosité et m’a tendu la carte de son club d'athlétisme en me disant qu’il ne fallait simplement qu’un déclic et qu’il pouvait m’entraîner à courir un 10 km en 57 minutes. Le problème c’est que j’ai une pile de cartes des Vainqueurs dans mes tiroirs. À chaque expo du marathon de Montréal, on me la tend. Je réponds que je suis lente et je donne mes temps comme pièce à conviction. On me montre ensuite un membre de plus de 60 ans et on me dit que lui aussi court des temps comme ça, que je ne serais pas seule… La déprime totale. Je prends la carte et je la mets dans mon tiroir, encore une fois.

Cette année, l’étau s’est refermé. Jean-Yves Cloutier, que j’ai rencontré dans un cocktail pour la Fondation du Docteur Julien, m’a invité aux portes ouvertes du Club Les Vainqueurs. Ça se passe ce soir à 17h30 et ça coûte 5$. Il faut amener son cadenas. Je n’ai pas envie d’y aller. Je sais pourtant que le club de Monsieur Cloutier a fait ses preuves. Peut-être l'an prochain...

Je suis professeur de yoga. J’aime les choses peace. J’aime prendre mon temps et savourer le moment. Le problème est que je suis tombée amoureuse d’un sport dans lequel je suis médiocre. Si j’étais dans une équipe, le coach supplierait mes parents de m’empêcher de continuer à courir. Pourtant je continue de courir et de me joindre aux grosses courses monstres. Il y a toujours quelques personnes qui courent à mon rythme dans une course de 45 000 personnes.