la rage du nageur (swim rage)

Swim rage. je vous jure que ça existe. Ça m'est arrivé il y a trois semaines à moi, oui moi! Miss pensée positive, miss professeur de méditation et de yoga. MOI! Miss Super Peace! Zut. Il faut réaliser que plusieurs conditions s'imbriquent pour créer cette combinaison explosive si courante dans les piscines publiques.

Primo: Le temps de la journée. Ça ne sert à rien de me raisonner, je suis grincheuse quand je me plonge à 7 heures du mat dans de l'eau froide en plein hiver où il fait encore nuit quand je me lève.

Secondo: les différentes vitesses. Dans un bain libre à couloirs, le couloir rapide est réservé aux nageurs qui nagent à moins de 30 secondes par 25 mètres. Si vous ne savez pas si c'est votre cas, passez au couloir moyen. Quand on fait des battements de jambes à la planche il est aussi courtois de passer au couloir moyen.

Terzo: L'étiquette. Bon c'est là que s'est passé l'incident. La formule généralement reconnue est que lorsque vous arrivez au mur et que la personne devant vous est plus lente, vous pouvez doucement toucher le bout de son pied pour lui faire signe de vous laisser dépasser au virage. Ce matin là, la fille qui m'a fait perdre le nord n'arrêtait pas de me toucher le pied comme si elle avait un bégaiement ou un trouble d'anxiété. Évidemment que je savais qu'elle était là, évidemment que j'allais la laisser passer comme je le fais toujours mais son insistance à me le rappeler a fait sauter mes plombs si bien que dès passée je me suis mis à sa poursuite et je lui ai presque agrippé la cheville. Je vous le jure. Je voulais juste lui faire la même chose, "je suis derrière toi, vois-tu que je suis derrière toi? Es-tu sûre que tu sais que je suis derrière toi? etc... Bref la honte, l'insanité. J'espérais après le fait que les sauveteurs ne m'avaient pas vue dans mon moment de faiblesse. L'idéal c'est de toujours rester vigilant dans un bain libre. Au bout de quelques kilomètres s'installe une sorte d'hypnose qui nous rend un peu sonné. Il est important de rester au courant de ce qui se passe autour de soi et c'est quelque chose que j'exige beaucoup de moi. Le meilleur moment est lors du virage. Je penche la tête vers le fond de la piscine pour voir exactement où en sont les nageurs de mon couloir. Ceux qui ont commencé un cycle de brasse et que je devrai dépasser. Ceux qui font du papillon et que je devrai éviter (c'est long des bras en croix) etc. On peut facilement se faire déboîter l'épaule par un nageur qui fait un dépassement imprudent.

Quarto: l'anonymat. à la piscine, les lunettes de natation et les casques nous déshumanisent complètement si bien que ça devient comme dans une voiture. On ventile sa rage existentielle contre une personne vague et avec laquelle il n'y a pas de lien apparent. Ma marotte personnelle? Les filles en bikini dans le couloir rapide qui papottent en pleine zone de virage. Bon, il faut que je respire. Oooooooooom.